Ma décision est prise. Après 11 ans comme arbitre au hockey mineur, je ne reviendrai pas cette année. Pour la première fois en 20 ans, je ne serais pas impliqué dans des arénas en terme de hockey mineur. Parce qu’avant d’être arbitre, j’ai été marqueur pendant 9 ans.
J’aurai 34 ans demain, ce qui veut dire que j’aurai passé plus de la moitié de ma vie dans les différents arénas de Montréal, et de Laval. Je crois que j’ai assez donné.
J’avais commencé à prendre ma décision après la coupe Best Buy en février dernier. La Coupe Best Buy, c’est un peu la seule chose que je voulais faire, c’était également la raison pourquoi j’ai passé la dernière saison à Laval. C’est un tournoi de hockey qui se déroule à l’extérieur, quelque chose que je voulais faire. Et j’ai eu un plaisir énorme à le faire. Après le tournoi, j’ai commencé à penser que ça serait ma dernière saison.
Mais il y avait une partie de moi qui ne voulait pas lâcher. En partie parce que j’avais quand même du plaisir à arbitrer, mais il y avait autre chose. Depuis mes débuts, j’avais cette pensée utopique de dire que moi, en tant qu’arbitre, je pourrais faire une différence dans le hockey mineur. Je me disais que si je persistais à tenter de rendre l’expérience plus humaine et plus agréable pour les jeunes, les coachs, même les parents, qu’un jour, ça allait se propager, et rendre le hockey mineur plus le fun. C’était probablement ridicule de penser comme ça, mais je le faisais, soir après soir.
Puis, un soir de mars, j’ai eu un match horrible. Un match qui m’a vraiment reviré à l’envers. Un coach irrespectueux, des joueurs hors de contrôle, et des parents sans classe qui sont allé jusqu’à lancer une bouteille sur la glace, pour des pécadilles. Et c’est ce soir-là que j’ai réalisé que, si je voulais vraiment faire une différence, il me restait un calisse de gros bout de chemin à faire, et je n’étais plus certain si ça valait la peine.
J’ai quand même terminé la saison, j’ai eu d’excellents matchs dans les séries, et ça s’est relativement bien terminé. Mais j’ai quand même gardé ce petit arrière-goût amer pendant l’été. Et après plusieurs mois de réflexion, j’ai décidé que c’était tout.
Il y a une partie de moi qui quitte avec le sentiment que j’ai pas fini ce que j’avais commencé. Je sais que c’est con, Mais je me dis que, de toute façon, c’était presqu’impossible que je change quoi que ce soit. Le hockey mineur est malade, et les gens qui sont en position de changer les choses ne veulent pas bouger, soit parce que ça les satisfait, ou bien parce que ça ne cadre pas avec leur power trip, ou bien c’est simplement dans le but de garder leurs positions. Les hauts-dirigeants du hockey mineur, que ça soit au niveau provincial, régionnal, ou des associations (pas tous, faut pas généraliser, mais beaucoup) pensent à leurs propres intérêts et ceux de leurs organisations avant ceux des jeunes, et c’est ÇA qui rend le hockey malade.
Mais bon, ça donne rien. En fait, j’ai l’air cynique et amer, mais je ne le suis pas. Parce qu’en bout de ligne, je garde d’excellents souvenirs de mes 11 années sur glace et de mes 20 années totales comme officiels. J’ai eu des collègues incroyables, des partys mémorables (même si il y en a que je me rappelle plus ou moins), des anectodes à la tonne, et des moments que je me rappellerai toute ma vie.
Est-ce que c’est définitif? Pas nécessairement. Je n’ai pas brûlé aucun pont avec les staffs d’arbitre avec lesquelles j’ai travaillé, donc si jamais je m’emmerde trop cet hiver, je peux toujours retourner l’an prochain. Mais je reviens rarement sur mes décisions. Peut-être par orgueil, mais je prends habituellement des décisions réfléchies dans ces cas-là. Mais je ne ferme pas la porte. L’arbitrage est quelque chose de vraiment passionnant. Qui sait, peut-être je vais me lancer dans le baseball, ou le football, ou le basket?
Mais pour l’instant, je vais prendre le tout un jour, une semaine, un mois à la fois. Je vais reprendre mes dimanches soirs, pour commencer! Après, on verra bien…